Coménius inventa avant l'heure l'encyclopédie presque uniquement visuelle. Il rassembla sous forme d'images tout ce que la connaissance de l'époque savait. C'est l'idée de l'encyclopédie qui était inventée ! La différence c'est que l'encyclopédie utilise des mots, donc un niveau plus abstrait de la connaissance alors que les illustrations de Coménius, tout en couvrant toute la connaissance de son époque étaient d'un abord plus direct. Maria Montessori a été très sensible à cette découverte.
Car amener à l'enfant la connaissance globale de l'univers n'est pas chose facile à première vue. Dans " de l'enfant à l'adolescent", Maria Montessori nous enseigne que l'enfant après 7 ans a besoin de sortir du cocon dans lequel il a été élevé jusque là...et s'insurge contre un enfermenent de l'enfant dans un autre milieu clos qu'est l'école. Elle montre que Comélius en créant une bibliothèque d'images pour permettre d'accéder plus facilement à une connaissance globale du monde apporte un moyen puissant à la pédagogie de mettre le monde à la portée de l'enfant. Mais elle ne s'arrête pas là. Elle écrit :
"Pourtant, l'idée (d'apporter un savoir qui ne soit pas seulement verbal ou écrit) est demeurée, et l'on a commencé à enseigner au moyen d'objets palpables. Mais comme les idées s'amoindrissent en se vulgarisant, au lieu d'être apporté par un Coménius - qui connaissait tout - la maîtresse en se substituant à lui, n'a apporté que ses maigres connaissances mises en images.
Et puis, on imagina que la représentation en deux dimensions était insuffisante pour la compréhension de l'enfant. On lui présenta alors ce peu de connaissance en nature. Mais devant la difficulté de se procurer et de conserver les objets, ils furent enfermés dans un musée. Toute école moderne qui se respecte doit avoir son musée. Et voilà qu'auprès d'enfants enfermés, se trouvent des objets enfermés."
Maria Montessori a découvert combien nous sous-estimons la puissance de l'intelligence de l'enfant. Elle nous invite à présenter aux enfants un savoir complet, non simplifié par nos soins, non tronqué. Elle écrit :
"Quand l'enfant sort, c'est bien le Monde lui-même qui s'offre à lui. Au lieu de fabriquer des objets qui représentent des idées et de les enfermer dans une armoire, faisons sortir l'enfant; montrons lui les choses dans leur réalité. Dans son ensemble, le monde répète toujours plus ou moins les mêmes éléments. Si on étudie, par exemple, la vie des plantes ou des insectes dans la nature, on a plus ou moins idée de la vie des plantes ou des insectes dans le monde. Personne ne connaît toutes les plantes. Mais il me suffit de voir un pin pour pouvoir imaginer comment vivent tous les autres pins.(...) le monde s'acquiert psychologiquement à travers l'imagination. On étudie la réalité du détail, puis on imagine l'ensemble. Ce détail peut croître dans l'imagination et atteindre la connaissance totale. Le fait d'étudier ces chose est en quelquesorte, une méditation sur le détail. Cela revient à dire que l'on approfondit dans un individu la personnalité d'un fragment de la nature." Et plus loin dans le texte ...
"Aucune inscription, aucune image d'aucun livre ne peut remplacer la vue réelle des arbres dans un bois avec toute la vie qui se déroule autour d'eux. Il émane de ces arbres quelquechose qui parle à l'âme, quelquechose qu'aucun livre, aucun musée ne pourrait rendre" (...) "Ces myriades de vies autour de ces arbres, et cette majesté, cette variété, c'est quelquechose qu'il faut aller chercher, et que personne ne peut apporter à l'école. "
Maria Montessori "de l'enfant à l'adolescent" Desclée de Brouwer Ed.2004 p 46 - 47
Maria Montessori par sa philosophie a transformé petit à petit ma vision du monde, non seulement celle des enfants, mais aussi celle des adultes qu'ils deviennent. Je souhaite que vous puissiez, paisiblement, vous aussi, découvrir un chemin vers cette enfance qui est la clé de notre avenir.
Thursday, January 18, 2007
Montessori et Comenius
Jan Amos Comenius est né le 26 mars 1592 en Moravie, il meurt à Amsterdam en 1670. C’est la période de Louis XIV, il vient après Erasme et Montaigne.
(pour plus d'infos voir : http://www.silapedagogie.com/comenius.htm )
Maria Montessori y fait référence dans de "l'enfant à l'adolescent" dans son chapitre "passage à l'abstraction - rôle de l'imagination ou la sortie, clef de la culture"
Il dit que le professeur devrait enseigner ce que l'élève peut saisir et non tout ce que lui-même est capable d'enseigner.
Il parle des sens, qui sont les guides premiers et perpétuels de la connaissance. Ils donnent la connaissance la plus sure, plus sure que celle qui passe par autrui, puisqu'ils apportent directement des éléments objectifs.
Il amorce ici l'importance du passage par les sensations propres de l'enfant pour que celui-ci soit amené à penser par lui même, et non passer toujours par ce qui est simplement rapporté par autrui (fût-il son maitre !).
La sensation permet de rétablir l'harmonie entre l'ordre des choses enseignées et la spontanéité du sujet percevant.
Il préconise de ne pas séparer le manuel du mental, le savoir et le savoir-faire. Il est nécéssaire de se servir de l'expérience pour enseigner car c’est elle qui fait le lien entre la maturation et les connaissances.
Comenius est donc le précurseur de l’idée génétique, c’est à dire l’éducation graduée, proportionnelle aux capacités des élèves.
Il dit que l'éducation doit respecter le processus du développement de l'enfant, comme pour la nature, qui, elle, attend le moment favorable.
Il faut enseigner ce que l'enfant est prêt à recevoir.
" L'intelligence des enfants est semblable à un petit vase au col étroit: si on verse l'eau à flot, l'eau tombera à coté et le vase se remplira lentement; mieux vaut verser l'eau goutte à goutte."
C'est donc une sottise de ne pas tenir compte de la capacité d'absorption des élèves et de les instruire selon son propre désir, leurs qualités naturelles ont besoin d'être aidées, non écrasées.
Des connaissances acquises par l'expérience, fonctionnellement, tendent spontanément à s'organiser de telle sorte qu'il sera possible de les coordonner selon des structures logiques et verbales, alors qu'un enseignement formel avant la compréhension amène au verbalisme.
Ne laissons pas les enfants privés de cette joie de percevoir par eux-même la vie. Ne les forçons pas à vivre par procuration...ne doutons pas qu'ils puissent avoir leur propre pensée !
(pour plus d'infos voir : http://www.silapedagogie.com/comenius.htm )
Maria Montessori y fait référence dans de "l'enfant à l'adolescent" dans son chapitre "passage à l'abstraction - rôle de l'imagination ou la sortie, clef de la culture"
Il dit que le professeur devrait enseigner ce que l'élève peut saisir et non tout ce que lui-même est capable d'enseigner.
Il parle des sens, qui sont les guides premiers et perpétuels de la connaissance. Ils donnent la connaissance la plus sure, plus sure que celle qui passe par autrui, puisqu'ils apportent directement des éléments objectifs.
Il amorce ici l'importance du passage par les sensations propres de l'enfant pour que celui-ci soit amené à penser par lui même, et non passer toujours par ce qui est simplement rapporté par autrui (fût-il son maitre !).
La sensation permet de rétablir l'harmonie entre l'ordre des choses enseignées et la spontanéité du sujet percevant.
Il préconise de ne pas séparer le manuel du mental, le savoir et le savoir-faire. Il est nécéssaire de se servir de l'expérience pour enseigner car c’est elle qui fait le lien entre la maturation et les connaissances.
Comenius est donc le précurseur de l’idée génétique, c’est à dire l’éducation graduée, proportionnelle aux capacités des élèves.
Il dit que l'éducation doit respecter le processus du développement de l'enfant, comme pour la nature, qui, elle, attend le moment favorable.
Il faut enseigner ce que l'enfant est prêt à recevoir.
" L'intelligence des enfants est semblable à un petit vase au col étroit: si on verse l'eau à flot, l'eau tombera à coté et le vase se remplira lentement; mieux vaut verser l'eau goutte à goutte."
C'est donc une sottise de ne pas tenir compte de la capacité d'absorption des élèves et de les instruire selon son propre désir, leurs qualités naturelles ont besoin d'être aidées, non écrasées.
Des connaissances acquises par l'expérience, fonctionnellement, tendent spontanément à s'organiser de telle sorte qu'il sera possible de les coordonner selon des structures logiques et verbales, alors qu'un enseignement formel avant la compréhension amène au verbalisme.
Ne laissons pas les enfants privés de cette joie de percevoir par eux-même la vie. Ne les forçons pas à vivre par procuration...ne doutons pas qu'ils puissent avoir leur propre pensée !
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